Je me disais que j'avais été bien bavard. Vous me connaissez, je remercie les nombreux amis qui m'ont répondu et encouragé à poursuivre ce journal de bord.
Lundi 07 décembre
Il est 23h34, dans quelques minutes nous serons le 8 décembre fête de la naissance des Missions Africaines. Il est tard, nous venons à l’instant de monter de notre studio improvisé, (la salle de télé de la maison, pour profiter du grand écran devant faciliter le montage des séquences. Journée laborieuse (j’entends certains murmurer une phrase célèbre : « Je travaille… moi ! ») Nous sommes allés jusqu’au bout de nos forces et celles de l’ordi qui s’est mis à ramer “hors de l’eau“. Nous nous sommes accordés une seule pause pour aller acheter un médicament à la pharmacie.
Cela m’a permis de me replonger dans cette ambiance vivante, d’autant que c’était la sortie des classes et du travail. C’est une nuée de taxis bleus, verts, rouge chaque couleur indiquant son espace autorisé, Les uns Yopougon, d’autre Abobo etc. Seuls les taxis rouges ont le droit de circuler partout mais ils sont plus chers. J’ai revu avec joie les taxis que l’on appelait dindons ou mille-kilos, tout cabossé, surchargé et accrochés aux portes arrières les “apprentis calés“ ainsi appelés car chargés de mettre la cale sous les roues en cas d’arrêt en pente. Une nature luxuriante, avec de nombreux oiseaux aux divers et variés du plus agréable au plus agaçant. Je n’ai pas de photos à mettre en ligne, car il vaut mieux éviter de se promener avec du matériel qui peut susciter l’envie.
Demain, 8 décembre, nous allons partager le repas avec les sma qui travaillent dans la région d’Abidjan.
Demain matin, nous avons encore une rude journée pour finaliser le montage vidéo qui doit être projeté dans la soirée mais que Dario aimerait bien présenter aux confrères en fin de matinée.
Après, nous pourrons souffler un petit peu...
Il y a 45 ans, je mettais le pied pour la première fois en Afrique, et c’était en Côte-d’Ivoire. Atterrissage à Abidjan. Ce qui nous avait frappé à l’époque, c’était la modernité de cette ville. En effet, au petit et grand séminaire, nous avions été abreuvés de cette Afrique exotique aux cases en terre et chaume, à la forêt vierge, terre sauvage à explorer et l’on se prenait déjà pour des grands aventuriers et voilà que l’on débarque dans une ville avec de grandes avenues, une circulation automobile bien développée, des immeubles modernes. Nous en étions presque déçus. J’ai retrouvé en arrivant, même si c’est de nuit, une ville moderne avec d’énormes panneaux publicitaires, le grand axe routier sortant de l’aéroport, balisé d’une ligne lumineuse clignotante bleue. La circulation était correcte, mais Sam, nous informe qu’habituellement ce sont de gros bouchons avec une circulation hasardeuse, les règles du code de la route s’adaptent à la situation.
La messe ici, à la maison régionale est assez remarquable. C’est une petite chapelle vite pleine, il y a un barnum dehors pour accueillir les retardataires ou ceux qui souhaitent un peu d’air. Une des portes imposantes et ajourées est ouverte, l’autre est fermée et plusieurs personnes s’y pressent comme dans un confessionnal pour suivre la messe. Une grande ferveur émane de l’assistance où se mêlent jeunes et vieux. Il y a même des enfants de quatre ou cinq ans arrachés à leur sommeil pour accompagner leur maman et qui suivent à moitié endormis. Des scolaires avec leurs uniformes, kakis pour les garçons, jupe bleu nuit et chemisier blanc pour les filles. Messe chantée et rythmée, je retrouve les mélodies passées.
Notre fondateur Mgr de Marion Brésillac ou bien la Vierge Marie ont voulu que nous fassions un break à l’occasion de la fête du 8 décembre car une panne de courant nous a arrêté dans notre travail.
L’Afrique est école de patience. Le courant revenu en début d'après-midi, nous avons passé toute l’après-midi jusqu’en soirée sur notre film vidéo, et à quarante cinq minutes de la projection, nous lançons la finalisation du film. Et là il démarre en nous annonçant cinq heures pour finaliser seulement 10 minutes de film. Je me suis dit c’est râpé, mais André plus calme et plus optimiste, ne désespère pas, effectivement, les secondes défilent plus rapidement que celles d’une horloge. Pour faire patienter le publique, le Père Dario, passe de la musique et puis tente de projeter un film en attendant le nôtre, mais voilà que l’ampli se met à bricoler, les techniciens s’affairent dans le noir et rien ne s’améliore. Dario décide de passer des vues en faisant lui-même les commentaires. Notre film est arrivé à 7 secondes de sa finalisation, nous avions à peine 15 minutes de retard sur l’horaire prévue donc parfait, seulement, c’est un peu comme dans l’avion ces 7 secondes se sont transformées en 15 minutes. Nous testons le résultat final, et voilà que le son a disparu à certains endroits, une des pistes son n’a pas été finalisée. En bricolant nous sommes arrivés avec notre film, le son de l’ampli toujours pas réparé… Les gens ont dû se contenter du film avec un mauvais son. Mais les images du passé évoquant la venue des SMA en Côte-d’Ivoire ont bien fait réagir les spectateurs.
Il n'est que 21h40, je vais avoir une longue nuit... quand à vous, voici quelques images de ces deux jours