De nombreux pays dans le monde observent la Toussaint. Dans certaines parties du monde, et plus particulièrement en Europe, comme en France, en Italie, en Pologne et en Autriche (mais pas seulement dans ces pays), ce jour est un jour férié, ce qui signifie que les écoles, les banques, les administrations et la plupart des entreprises privées sont fermées. L'atmosphère de la Toussaint est unique.
Dans des pays comme la Belgique, la France, la Hongrie et l'Italie, les gens apportent des fleurs sur les tombes de leurs proches décédés.
Dans d'autres pays d'Europe, comme l'Autriche, la Croatie, la Pologne et la Roumanie, il est de coutume d'allumer des bougies sur les tombes des proches décédés.
Monica Nowicka a toujours accompagné ses parents au cimetière depuis qu'elle est enfant. « La Toussaint est un jour très spéciale pour ma famille. Nous assistons tous à la messe au cimetière, puis nous nous rendons sur les tombes de nos proches, déposons des fleurs et des bougies et prions ensemble pour leurs âmes », dit-elle. « Ma grand-mère nous a toujours encouragés à déposer des fleurs et des bougies même sur les tombes des inconnus », ajoute-t-elle.
Le soir, les cimetières sont décorés avec des lumières colorées et scintillantes de myriades de bougies, offrant une scène unique et pittoresque. Les bougies qui sont déposées sur les tombes ont une caractéristique : elles peuvent brûler pendant de nombreuses heures. Une croyance populaire parmi les Polonais veut que « ces bougies aident les âmes défuntes à trouver leur chemin dans l'obscurité ».
Mais ce jour ne concerne pas seulement les morts, c'est aussi un moment d'introspection, un moment pour ralentir, se calmer, réfléchir et prendre conscience de la nature temporelle de la vie humaine sur terre. En Europe, les tombes ont des formes et des tailles différentes. Elles sont faites de roches (granit, marbre, grès, etc.), certaines sont entièrement recouvertes de pierre tandis que d'autres sont recouvertes de terre et ornées de quelques fleurs plantées. Il est rare de voir deux tombes similaires, sauf peut-être des tombes militaires. Il s'agit de tombes individuelles (pour une personne) ou de caveaux familiaux, qui se distinguent par leur richesse. Mais même les tombes les plus oubliées sont pleines de lumières et de bougies ce jour-là.
A la boutique de fleurs de l’ancien cimetière de la Guillotière, Daniel Bregnon fait partie de la famille de fleuristes et il affirme que cette année, la Toussaint lui a apporté de bonnes affaires. « Les gens ont acheté des fleurs ces quinze derniers jours. Encore deux jours et ce sera tout pour l'année », dit-il. Les Bregnon exposent des roses, des lys Cala, des anémones, des asters et des camélias, entre autres. « De toutes les fleurs, celle que nous avons le plus vendue est le chrysanthème (également connu comme la reine des fleurs) », a révélé Daniel. Ce n'est pas seulement parce qu'il peut supporter le froid, mais aussi pour sa beauté et ce qu'il représente, notamment le chagrin et la dévotion.
La Toussaint, comme son nom l'indique, « est la fête de tous les baptisés qui ont été sanctifiés par l'eau du baptême et le don de l'Esprit Saint. Ce sont ceux qui, à la même époque, ont été officiellement reconnus comme saints par l'Église en raison de leur vie exemplaire ou comme martyrs », explique le père Daniel Mellier. Mais c'est plus large que cela car « cela inclut aussi les membres de nos familles qui nous ont précédés et qui nous ont aidés à découvrir la présence de Dieu dans nos vies et le salut en Jésus-Christ. Dans le credo, nous récitons souvent que nous croyons en la communion des saints », a-t-il ajouté. La foi des chrétiens, selon le père Mellier, « s'exprime par le fait que la mort n'est pas un néant mais un passage, et une rencontre avec notre Seigneur Jésus-Christ source de vie, et c'est pourquoi nous bénissons les tombes des défunts ». Bien qu'il semble y avoir confusion entre la Toussaint et les Fidèles Défunts le 2 novembre, la liturgie catholique distingue bien la Toussaint, jour de remerciement pour tous ceux qui ont été sanctifiés par les eaux du baptême et les Fidèles Défunts où les prières de l'église sont plus orientées vers les morts, demandant à Dieu de recevoir leurs âmes en paix.
Mais en France, selon le père Yvon Crusson, « il y a une mentalité populaire où les deux fêtes sont entremêlées, et pour la plupart des gens la Toussaint est un jour de prière pour les morts et c'est pourquoi ce jour-là beaucoup de gens, même alors non-croyants, se rendent au cimetière familial pour déposer des fleurs sur les tombes de leurs proches ». Ce qui a provoqué la confusion entre les deux fêtes, dit-il, « c'est peut-être parce qu'on a insisté sur le fait que la communion de tous les saints est le lien qui existe entre les vivants et les morts et qui fait que la fête de la Toussaint est caractérisée surtout par la prière pour les morts. Mais le lien entre les vivants et les morts n'est pas aussi fort qu'en Afrique où les ancêtres ont une grande importance dans la vie d'une famille »
Malgré le déclin de la pratique religieuse en Europe, il y a une sorte de geste filial d'aller faire une visite au cimetière et d'orner les tombes des proches. Pour de nombreux Français, c'est aussi le moment des rencontres et des réunions de famille. Il ne s'agit pas toujours d'une foi ou d'une croyance chrétienne forte, mais d'un vestige de la tradition chrétienne qui a marqué la société française.
Le père Crusson regrette cependant le fait qu’« il y a un si petit nombre de jeunes familles qui demandent des messes pour leurs défunts pendant cette période . Ce sont seulement les personnes âgées qui continuent à demander des messes pour leurs morts ». Dans la mentalité des gens, même s'il y a une messe paroissiale le 2 novembre, beaucoup ne se présenteraient que le jour de la Toussaint.
En Afrique et au Togo en particulier, en pays Kabyè, le 1er Novembre est un jour très particulier. En plus de la fête dédiée aux saints, c'est le jour pour la visite des tombes à cause du caractère férié de ce jour. « Le peuple Kabyè est un peuple très attaché à ses morts. Dans l'année, le mois de février est le mois dédié spécialement aux morts. C'est le mois des funérailles », dit le père Donald Zagore, ancien curé de la Paroisse à Saoudé.
Dans la relation du peuple Kabyè avec les morts plusieurs aspects restent particuliers. Un aspect qui est spécial, est que « le peuple Kabyè, surtout, ceux de Saoudè, n'ont pas de cimetières au sens strict du terme ».
Dans d'autres cultures, les cimetières sont presque en dehors de la ville pour marquer la démarcation entre les vivants et les morts. Or à Saoudè, « les tombes se trouvent essentiellement autour des maisons. Chaque famille a ses tombes. On n'a le sentiment d'une relation continue entre les vivants et les morts. Comme s'il n'y avait pas de barrière. La famille reste la famille. Même la mort ne peut briser les liens ou les équilibres ».
Cette réalité selon le père Zagore, « rend difficile la cérémonie de la bénédiction des tombes par les prêtres qui y travaillent ». Parce qu'ils doivent parcourir des centaines de maisons dans les montagnes pour bénir des centaines de tombes pendent le mois de Novembre.
Est ou Ouest, en famille, c'est le meilleur endroit pour célébrer la Toussaint et Les Fidèles Défunts.
Par Dominic Wabwireh, sma